Que proposent les partis pour dénouer les noeuds de l’innovation en santé?

Notre président Benoit Brunel a lancé un appel aux partis politiques afin de connaître leurs solutions pour régler la sclérose de l’innovation dans la santé, créée par le manque de collaboration entre le MSSS et les PMEs innovatrices. Nous avons invité les représentants des partis politiques à se positionner sur les enjeux suivants:

  • Collaboration… plutôt que compétition: Comment votre parti compte-t-il s’allier aux PME innovantes afin d’offrir aux Québécois un meilleur accès aux soins de santé?  Seriez-vous d’accord pour que l’on s’inspire des nombreux modèles collaboratifs qui ont fait leurs preuves ailleurs au monde?
  • Équité entre employeurs: Dans un contexte de plein-emploi en technologies de l’information, que ferez-vous pour diminuer, voire éliminer, l’inéquité fiscale entre les PME québécoises et étrangères dans la course aux talents?

Voici des extraits de la lettre envoyée, qui débutait avec un rappel de nos accomplissements pour améliorer l’accès aux soins et réduire le temps d’attente.

Depuis près de 10 ans, Bonjour-santé facilite l’accès aux soins de santé

  • Inscription téléphonique au sans rendez-vous, qui a éliminé les files d’attente aux aurores devant les cliniques médicales
  • Inscription Web et vocal à une consultation médicale dans sa clinique habituelle. Cette réalisation s’est d’ailleurs méritée, en 2013, le Prix Défi Imagination INFOROUTE santé du Canada pour la prise de rendez-vous électronique
  • Moteur de recherche qui offre une alternative aux urgences des établissements hospitaliers pour les cas qui peuvent être vus en clinique sans rendez-vous
  • Service de gestion des salles d’attente favorisant la confidentialité des patients
  • Auto-enregistrement des patients en clinique
  • Infirmière virtuelle qui transmet au médecin les informations du patient afin d’écourter la visite médicale
  • Service de demande de consultation en ligne pour tous les patients du Québec
  • Implication dans la Polyclinique Levasseur, un GMF-R opéré dans les meilleures pratiques de gestion, comme en témoigne le Prix Gestionnaire de l’année reçu au Gala de l’innovation en services de première ligne. Cette SuperClinique fait aussi office de laboratoire d’essai pour les solutions Bonjour-santé.
  • Récompense de l’Association des cliniques médicales du Québec pour l’Optimisation d’une technologie d’innovation, un projet de réorientation des patients P4-P5 déployé au CIUSSS de l’Est de Montréal (2 autres CISSS et CIUSSS utilisent aussi nos services)
  • Nouveau service mobile qui informe le patient du retard en clinique afin de viser un temps d’attente maximum de 20 minutes. Déjà active dans 10 cliniques, cette innovation est appuyée par le gourou mondial en intelligence artificielle, Yoshua Bengio, fondateur du MILA. Cette première a attiré l’attention du géant médiatique américain Bloomberg, puis de médias internationaux, au Vietnam, notamment.

Des rôles distincts et complémentaires, au service des Québécois

Si nous avons pu accomplir autant en dix ans, c’est que nous avons choisi une structure agile et légère. En effet, les PME ont la latitude pour prendre des risques, tester des formules nouvelles et implanter des projets rapidement, ce que la taille et la complexité du gouvernement favorise moins.  De plus, les PME ont un accès constant à leurs marchés via les médias sociaux et peuvent ainsi ajuster rapidement leurs produits et services.

Voilà donc pourquoi les Québécois croient que l’innovation naît dans les PME et que le gouvernement devrait les soutenir davantage. C’est ce qu’ont dit 81% de nos abonnés Facebook dans un petit sondage interne. Un avis confirmé par un récent sondage Léger mené pour le compte de l’IDEM, un think tank indépendant sur les politiques publiques: 70% des Québécois sont d’accord pour que des entrepreneurs privés puissent offrir davantage de soins, pourvu que l’État en assume les coûts. Ce mouvement prend de l’ampleur, comme en témoigne la campagne du Mouvement innovation santé, qui incite le gouvernement à travailler de concert avec le privé, les OBNL et les coopératives.

Qui doit financer l’innovation en santé?

Les contribuables québécois ne saisissent pas toujours la signification de «services couverts». Par exemple, les services perçus comme «gratuits», tels l’examen dentaire des moins de 10 ans, sont le fruit d’une entente financière entre le gouvernement et les dentistes. Oui, il est possible d’offrir des services financés par le public et opérés par le privé.

Nos solutions n’ont rien coûté aux contribuables québécois, ni aux cliniques médicales. En fait, la grande majorité des 2,5 millions d’utilisateurs annuels bénéficient de services gratuits grâce à certains services optionnels payants.

Dans plusieurs pays, gouvernements et entreprises privées innovantes s’allient afin de maximiser leur impact et ce, dans plusieurs secteurs. Prenons l’exemple de Doctolib en France, leader de la e-santé en Europe, soutenue par le gouvernement français afin de rendre le système de santé plus humain, efficace et connecté.

Même scénario en Angleterre, où Babylon Health AI fait des progrès fulgurants en matière d’intelligence artificielle. À Vancouver, Equinoxe LifeCare révolutionne l’accès aux soins de santé, forts du soutien du gouvernement canadien. Pourquoi ce retard au Québec?

Aide financière aux entreprises: équité souhaitée!

Bonjour-santé compte 2,5 millions d’utilisateurs annuels. Au Québec, c’est plus que ceux d’Airbnb et Uber combinés! Des entreprises étrangères que le gouvernement a aidées en créant des conditions favorables à leur épanouissement en sol québécois.

Depuis 2005, Ubisoft a reçu pas moins de 1,1 milliard $ en crédits d’impôt et subventions au Canada, dont 90% proviennent du gouvernement du Québec, révèle le Journal de Montréal. L’an dernier, l’aide gouvernementale de 148 M$ représentait un ratio de 31 000 $ pour chacun des 4700 salariés d’Ubisoft au pays. Pour Bonjour-santé, ce ratio fond à 1650 $ par employé. Un écart totalement inéquitable envers une entreprise locale, surtout lorsqu’on évoque un enjeu aussi essentiel que la santé. Pas le jeu vidéo, ni le tourisme ou l’industrie du taxi. La santé contribue à faire de nous des citoyens présents dans leur communauté.

Un futur prometteur, que nous souhaitons plus collaboratif

Si l’on en croit Michael Porter, sommité en management, de plus en plus d’entreprises naîtront pour régler des problèmes sociaux. À notre avis, le rôle du gouvernement devrait être de soutenir ces organisations dans leurs efforts d’innovation. De leur donner des ailes. De travailler main dans la main avec les PME qui ont défriché le terrain. Et, lorsqu’elles ont trouvé une solution gagnante et investi de leur propre argent, leur fournir un environnement qui leur permet de progresser, d’améliorer la société et d’exporter.

Nous avons rendu le système public encore plus efficace, avec peu de soutien du gouvernement. Plutôt que de nous aider à progresser, le gouvernement a créé le RVSQ, une pâle copie inefficace de Bonjour-santé, malgré notre ouverture répétée à collaborer.            Pire encore, obliger les cliniques clientes de Bonjour-santé à utiliser le RVSQ s’apparente, à notre avis, à de l’expropriation sans dédommagement.

Pourquoi concurrencer une PME locale alors que des solutions éprouvées existent pour rendre le service gratuit aux utilisateurs grâce au financement public, sans risques pour le gouvernement et avec impact rapide pour les patients?

Enfin, nous proposons un meilleur arrimage entre ministères. Ainsi, d’un côté le MSSS, via une implantation forcée du RVSQ, cherche à couper l’herbe sous le pied de Bonjour-santé et, de l’autre, nous sommes appuyés par le Ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations dans le cadre du Programme Performe, qui soutient «les PME reconnues comme étant exceptionnellement performantes par leurs pairs».  

Le futur est prometteur. Pensons seulement à l’intelligence artificielle, qui aidera au triage et à la prise de décision. Bonjour-santé continuera d’être aux premières loges de l’innovation. Les milliers de témoignages positifs de patients reçus nous motivent, chaque matin, à bonifier nos solutions. Celui de parents moins inquiets parce que leur enfant a été vu plus rapidement. De travailleurs qui contribuent davantage à l’essor économique du Québec plutôt que d’attendre dans une urgence bondée, au risque d’être encore plus malade. Pouvons-nous convenir d’une alliance plus fructueuse entre PME et gouvernement?

Benoit Brunel

Président Bonjour-santé/Tootelo Innovation

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